Je viens de vivre l'aventure mémorable de la 34ième GRENOBLE JAZZ FESTIVAL
ça fait 8 années que je suis le festival de jazz de Grenoble maintenant, autant vous dire que j'attendais cela avec impatience. Je vous raconte ?
Tout a commené par les concerts de 12h30 à la FNAC au Centre de Grenoble, pour une première semaine de mise en forme :
Lundi 20 avril - Hélène Labarrière, contrebasse : superbes improvisations, notamment celle qui portait sur la très ancienne chanson française "Le roi a fait battre tambour", dont elle nous a raconté le propos : un marquis qui se révolte car son roi veut qu'il lui donne sa propre femme sur laquelle il a flashé, mais qui est bien obligé d'obéïr... Finalement ça finit très mal car la reine jalouse empoisonne la belle marquise. Toute la colère, le révolte et la résignation du marquis transparaissait dans la musique de cette talentueuse contrebassiste.
Mardi 21 avril 2006 - Christophe Monniot, aux saxophones : un personnage burlesque, hors du commun. Son extraordinaire présence et son jeu entrecoupé de mimiques loufoques et drôles au possible donne à sa musique une extraordinaire simplicité, c'est hyper facile à suivre même dans le délire...
Mercredi 22 avril 2006 - Claude Barthélémy, Guitare, Luth : J'ai tout vu, mais de loin car je suis arrivée trop tard et qu'il y avait foule. J'ai tout vu, mais pas de façon directe. J'ai tout vu via le reflet renvoyé grâce aux dalles miroitantes du plafond (ce qui donnait à ce spectacle un aspect très irrél). J'ai tout vu du jeu de cet extraordinaire guitariste, et béni les dieux d'entendre sa musique chaude aux accents d'orient.
Jeudi 23 avril 2006 - Hélène Breschand, Harpe : un récital d'une heure, grandiose, toute en énergie et en finesse. Une harpe qui soudain prend la sonorité de la guitare lors d'un solo de rock, puis un jeu d'acoustique, ultra contemporain, l'amplification des harmoniques, une musique qui devient intemporelle et divine quand la voix d'Hélène vient compléter le tableau. Merci Hélène Breschand d'avoir banni les limites de votre instrument.
Mon grand regret de la semaine : j'ai manqué le concert de David Venitucci le soir du lundi 20 avril 2006, à St égrève, avec le big-band de Voiron : Mais j'ai envoyé des éclaireurs, et on m'a dit que c'était super.
Puis l'aventure s'est irrémédiablement intensifiée la semaine suivante : Depuis 3 ans je pose systématiquement une semaine de vacances durant le festival, de façon à pouvoir assister absolument à tous les concerts de la semaine, ceux de 12h30 au musée de Grenoble, ceux de 18h30, et enfin ceux de 20h45, durant 5 jours consécutifs.
Je vous raconte ma folle semaine ?
Lundi 27 avril 2006, 20h30 - Larry redhouse, piano : un pianiste américain extraordinaire, avec une musique très personnelle qui est empreinte d'emotion, de profondeur, d'optimisme. Grandiose.
Mardi 28 avril 2006, 18h30 - MOLD : un groupe venu des pays nordiques, à la musique inventive, toute en finesse et en subtilité, et débordante énergie aussi, très fluide. Des personnalités fortes, un batteur inspiré, un trompétiste qui joue pied nu, ... et entre les 4 musiciens une osmose musicale.
Mercredi 29 avril 2006, 21h - Richard Galliano New York trio et Gary Burton : Comme chaque concert de ce phénomènal jazzman qu'est Richard Galliano, une ambiance merveilleuse, des nouvelles compositions, Gary Burton grandiose au vibraphone. un batteur hors norme, un contrabassiste dont chaque note vient accompagné la musique avec la touche d'émotion et de ressenti qui convient,... Un très grand soir !!!
Jeudi 30 avril 2006, 12h30 - DJINN'S : un groupe dont je vous parlé dans un précédent article, et qui fera parlé de lui. Des percussionistes et vibraphonistes épatants, qui mèlent instruments traditionnels et classiques, jeux de rythmes et jeux sonores divers dans une musique exaltante teintée de leurs vécus et de leurs voyages, ... Des musiciens qui ont une âme, un groupe uni dont la musique va de la brousse africaine à la Bulgarie en passant par la Scandinavie, le tout allié au jazz et à la musique contemporaine.
Jeudi 30 avril 2006, 18h30 - Trytone - La Forge : la méthamorphose de la musique. Des mouvements, des figures, des images qui s'entremêlent devant les yeux à l'écoute de leur musique, à la découverte de sonorités inattendues. Création magnifique.
Jeudi 30 avril 2006, 20h30 - François Raulin Stephan Oliva Quintet : le jazz de Harlem qui revit sous nos yeux, une ambiance, l'impression d'y être, se laisser porter par ce jazz qui finalement évolue vers des appartés très free jazz... et toujours ce son des pianos de Harlem... oh que c'était bien !!! La tournée va commencer, alors s'ils passent près de chez vous, allez-y sans hésitation...
Vendredi 31 avril 2006, 12h30 - TTPKC et Le marin : trois saxophones aux sonorités très chaudes, un batteur très inspiré, des improvisations, et enfin à tout moment une musique très énergique et uephorisante. Ingérdient important, l'unité que le groupe dégage ajoute de la profondeur de leur musique qui va de soi.
Vendredi 31 avril 2006, 18h30 - BOL : un groupe nordique qu'il ne fallait pas manquer : une chanteuse jazz magique, des sons très planants, une athmosphère indéfinissable et jamais rencontrés, ... Whouahh !
Vendredi 31 avril 2006, 21h - Art Ensemble Of Chicago : un groupe noir américain, inventeur du free jazz dans les années 60, et dont ma musique continue d'évoluer : LE PLUS BEAU CONCERT QUE JE N'AI JAMAIS VU EN HUIT ANS DE FESTIVAL A GRENOBLE ! J'ai l'autographe du batteur Famoudou Don Moye ! La raison de mon engouement pour leur musique ? Un jazz free qui n'a à aucun moment effleuré la moindre petite disharmonie ! Je n'avais jamais vu ça. Je suis restée ébahie tout le concert, yeux émerveillés, bouche grande ouverte, à m'imprégner leur musique. Et à la fin, je suis restée skotchée sur mon fauteuil cinq minutes tellement l'expérience avait été grandiose. Et je passe sur la diversité de leurs instruments et objets sonores, sur le jeu magnifique du saxophoniste, ... J'ai été vraiment frappée par le fait que, durant toute la durée du concert, à aucun moment l'harmonie dégagée par la cohésion du groupe ne quitte la scène, et même si on écoute par exemple un solo de batterie, j'avais vraiment le sentiment que ce solo émanait non pas du seul batteur mais bien de tout le groupe de musiciens.
Quelle folle semaine haute en couleurs et en musicalité !
Merci Monsieur Jacques Panisset, directeur du Festival de Jazz de Grenoble, de nous avoir concocté un aussi beau programme.